La production de mélasse était l'activité principale de ce village, jusqu'aux troubles dont la triste conclusion était l'attentat de Louxor. La population égyptienne en a énormément souffert. Plus de 500 policiers ont été tués pendant cette période, et beaucoup de civils. Les chrétiens ont été spécialement visés par le attentats. A Bayadeya, village chrétien, tous les notables ont fuit vers la ville, et les champs de canne à sucre ont été rasés parce qu'ils servaient de cachette aux terroristes. Ils se sont alors plus tournés vers l'élevage, mais deux des 3 mélasseries ont dû fermer leur portes.
La mélasserie ! De la terrasse de la maison où je loge, on voit la cheminée qui crache sa fumée et des flammes à longueur de journée. Un bruit de moteur étouffé se répand dans les rues. Par la porte, on distingue de la fumée, ou alors est-ce de la vapeur ? Un homme manipule une louche géante, transvasant le sucre bouillant d'un bac à l'autre, dans un superbe mouvement ample. L'odeur est humide, doucereuse...
On y entre, et comme partout, on est accueilli avec de si grands sourires. A l'accueil le vendeur pèse le bidon que vous avez rempli. Les bidons en métal, rangés contre un mur, attendent d'être remplis et envoyés ailleurs.
Très fiers, ils nous montrent les entrailles de la fabrique, et dans ce bâtiment de boue et de terre, dans ces vapeurs de sucre on trouve un moteur diesel qui y tourne depuis très longtemps ... Brillant comme un sou neuf, entretenu avec amour, un pièce de musée, dans un environnement de musée !
Ce moteur fait aussi tourner la meule du moulin où les habitants, deux ou 3 fois par an, viennent moudre leur récolte pour faire leur pain "aïch baladi", qui est une galette fine de 1mm et large de 30 ou 40 cm, cuite au feu de bouse de vache séchée.
Le feu qui chauffe les bacs de décantation est au sous sol, et est alimenté par des restes de canne à sucre dont on a pressé préalablement le jus. Ils ont séché au soleil sur les champs et sont ramenés dans des charrettes tirées pas des ânes. Deux hommes, à demi-enterrés dans ces pailles, entretiennent le feu.
Place aux images !